30/09/2011

La Meseta: regard en arrière

Me voici à Villares de Ortigo, au pied d'une colline, derrière laquelle se trouve le Monte Leone.
La Meseta est donc derrière moi.
Du plat, comme promis, il y en avait:



pour horizon... un tas de bottes de paille!


























 Mais aussi quelques reliefs:







Voire encore des oasis de verdure:


















Et même de l'eau!







Sans oublier quelques agglomérations parsemées par-ci par-là:


Castrojeriz















Fromistá et sa magnifique église San Martin















Dont León, la grande ville plantée là au milieu, avec sa fameuse cathédrale:






 Quant au chemin, c'est parfois l'autoroute à pèlerins,sur des km de plat et tout droit:

devant...

 
... derrière
Heureusement que parfois il y a des variantes qui nous mènent dans des endroits plus bucoliques et solitaires. J'ai même inauguré des variantes de variantes, ce qui me permettait d'être toute seule, de remonter les shorts au max et de chanter à tue-tête au milieu de nulle part.


















Torride, ça ne l'était pas cette année, au contraire de l'année passée parait-il. Plutôt bien frais le matin, puis vers 10h on laisse tomber la veste et les canons de pantalons. Si le soleil était voilé, il faisait encore bon l'après-midi, s'il ne l'était pas, il faisait alors bien bon chaud, mais rien à comparer avec les canicules. En fait, La Meseta se trouve en Castille, le grenier de l'Espagne. Tout ces champs dorés sont la plupart du temps des champs de blé coupé. On y trouve un peu de tournesol aussi. Ce qui signifie qu'au primtemps c'est une région très verte.

J'avais lu et entendu que sur la Meseta, on faisait 30, 35, voire 40 km sans s'en rendre compte. Moi j'en ai fait 28 max et je m'en suis bien rendu compte. Bien que mon mollet va très bien, Dieu merci, les articulations et les talons se font sentir, à tour de rôle. J'accuse cette fois le trop plat. D'autres pèlerins en font le même diagnostique. Je fais alors des étapes de18 à 25km, et je vais continuer ainsi, je pense.

Depuis mon claquage de mollet, je chemine seule, et c'est bien ainsi. J'ai la chance de rencontrer chaque soir des francophones, voire même des Suisses, repérés par leur bon accent vaudois! Denise et Jean-Michel sont de Leysin, on s'est retrouvé trois soirs de suite dans le même gîte. Puis ils ont fait une étape plus grande que moi, et c'est au tour d'une équipe de 4 Français qui m'accueille le soir à leur table.

Hier soir nous étions à Villar de Mazarife, à l'auberge de Jésus (pas le même que celui de Granon!). Plein de graffitis, dessins et messages sur tous les murs, c'était sympa. J'y ai appris combien de km il me reste jusqu'à Santiago...5000 km! Génial!

sur le mur de l'entrée de l'auberge

Entourée de Gilbert, Hélène, Michelle et Claude

Et puis:
A Burgos, avant de partir du gîte Emmaüs, je discute un peu avec Marie-Noëlle, la responsable française. Elle me parle plus des difficultés de la gestion de l'auberge et n'est pas très encourageante. De quoi flipper à nouveau!
Par chance, chez Marie-Noëlle les pèlerins repartent avec leur "pain du jour", petite feuille sur laquelle est écrit un verset biblique ou une parole spirituelle, dans différentes langues.


Par hasard je tire celui qui a les paroles de Ste-Thérèse d'Avila :
Que rien ne te trouble,
Que rien ne t'épouvante
La patience obtient tout
Qui a Dieu ne manque de rien
Dieu seul suffit.

La Meseta n'était pas assez longue pour méditer chacune de ces phrases!! De quoi nourrir mon intérieur!

Officiellement j'ai passé la barre au-dessous des 300km qui me restent jusqu'à Santiago... déjà... plus que...
Demain je pense m'arrêter à Murias de Rechivaldo, juste après Astorga.

21/09/2011

La Meseta

La Meseta, encore un nom mythique du chemin. Avant de partir, j'avais bien enregistré ce nom qui me donne presque des frayeurs, en tous cas des sueurs à l'avance. Du plat avec pour seul horizon le ciel, et pour seule ombre la mienne, selon mon imagination. Et selon la description du guide:
A la sortie de Burgos nous abordons la traversée de la Meseta qui durera pendant 200 km! C'est un plateau semi-désertique, élevé en altitude (env. 800 m.) glacial en hiver, torride de mai à octobre. La beauté austère de cette région transcende le Chemin et lui confère sa vraie dimension, bien différente de la simple randonnée.

Voilà ce qui m'attend pour ces prochains jours.  Pour m'y préparer, je me suis encore délestée d'un bon kilo (finalement j'y arrive aussi!) envoyé en poste restante à Santiago, sur les bons conseils de Marie-Noël du gîte de Burgos. Car dans la Meseta, il nous faut avoir au moins deux litres d'eau de réserve, donc encore plus de poids.
Egalement sur les bons conseils de plusieurs, je continue à faire de petites étapes pour ménager le mollet. Qui va bien d'ailleurs, que je ne sens plus que... quand je "courrate" chercher quelque chose! Ce qui signifie pour aujourd'hui que je n'ai fait que 12 km et me suis arrêtée à Rabé de las Calzadas. Demain j'en ferai 18 pour arriver à Hontanas, si tout va bien. J'ai ainsi eu tout l'après-midi pour faire la lessive et dévorer le seul livre en français trouvé dans la bibliothèque du gîte.  Mes nouveaux souliers vont super, ils remplacent à merveille les anciens.


adieu!




bonjour!

















Aurai-je quelque chose à raconter de ce désert, à part les méandres de mes pensées (où j'espère ne pas m'y perdre)? Peut-être est-ce l'occasion de déserter également internet, c'est-à-dire aussi le blog. Je ne sais quelles sont les opportunités de trouver internet en route, mais j'espère surtout y trouver de quoi nourrir mon intérieur... ce qui ne se raconte pas!

Avant Burgos (au fond)... que sera-ce après?!

20/09/2011

Burgos l'incontournable

Avec sa cathédrale extravagante à tous points de vue, autant à l'extérieur qu'à l'intérieur, Burgos est une ville qui sort de l'ordinaire. Haut lieu du pèlerinage; autrefois il y avait une trentaine d'hôpitaux pour accueillir les pèlerins! Les rues et les places de la vieille ville font penser à Pampelune, en plus grand encore. La ville foisonne de monuments, églises, statues, etc avec de magnifiques jardins qui longent le rio Arlanzon.














Donativo

Sur le chemin français déjà, comme aussi sur celui en Espagne, il y a des gîtes qui sont "donativo" c'est-à-dire que le pèlerin donne ce qu'il veut bien donner. Ce sont souvent des gîtes qui appartiennent à des paroisses, mais pas seulement. A Granon, où j'ai "laissé" le blog, ils vont encore plus loin, avec ce message sur la boîte à sous:


Donne ce que tu peux ou prends ce dont tu as besoin
Le matin j'ai demandé si c'était rentable. Eh bien oui, depuis 5 ans que ce gîte est ouvert, ça marche! Génial, la confiance "paie"!

Juste en dessus de cette boîte, les nos d'urgences. Le premier... c'est pas n'importe qui, au cas où vous en auriez besoin:



En Espagne, en général les gîtes ne proposent pas la demi-pension, comme c'est souvent le cas en France. Mais ici à Granon (comme d'ailleurs à Logrono) on a préparé le repas à quelques-uns puis on a sorti les tables de réserve et on a mangé tous ensemble, c'était cougné et très sympa une fois de plus. Après la vaisselle, comme il y avait une guitare à dispo, il y a eu un tournus de joueurs, pendant que d'autres jouaient aux cartes. Ça faisait plaisir de passer une soirée ainsi.

Depuis Granon je suis allée à Belorado, au gîte administré par les Suisses. A l'entrée:



Le trajet n'était pas terrible:



sous le brouillard et la bruime...













... à côté de la N-120!

 Ce sont 3 Suisse-allemands qui nous ont accueillis. Sur les 24 lits, 3 Suisses, mais j'ai mangé avec 5 Français. J'en ai retrouvé 3 sur le chemin, des copines avec qui j'ai passé la soirée suivante au monastère de San Juan de Ortega. Au milieu des 60 pèlerins, j'étais heureuse d'avoir à qui causer. Car parfois au milieu de la foule on se sent encore plus seul.

Puis hier je suis arrivée à Burgos. J'ai fait plus de km que je ne pensais avec mon mollet, mais arriver à 10h30 dans un bled où il n'y a strictement rien à faire, autant continuer! Surtout que maintenant ça va beaucoup mieux. J'y vais gentiment, je ne boîte plus, mais je sens bien que c'est fragile. Aujourd'hui ce fut un jour de congé. J'ai malheureusement dû me racheter des souliers car les miens sont arrivés au bout de leur voyage, bien dommage! Après de si bons et loyaux services, j'ai dû m'en séparer. J'avais de plus en plus mal sous le pied, et quand j'ai regardé la semelle, j'ai compris. J'ai alors profité d'un Decathlon dans cette ville pour faire cet achat... en espérant que la paire suivante me fasse aussi bien une deuxième peau que la précédente.

Et puis l'après-midi, je me suis payée... le petit train rouge pour jouer à la parfaite touriste! Ce que je n'ai pas regretté.





16/09/2011

Reprise du chemin

Ce matin, après deux jours d'arrêt, je suis très heureuse de pouvoir reprendre le chemin. Je n'ai plus droit à l'ascenseur, aussi je descends par l'escalier. Qu'y vois-je, scotché au mur? Un message pour moi:

Si tu trouves un chemin sans obstacles,
peut-être ne te conduit-il nulle part
 Je pars seule cette fois, étrange sensation. Voilà bien des semaines que je pars toujours avec quelqu'un.
Je marche très lentement, tout le monde me dépasse, même ceux qui ont, me semble-t-il, un pas lent. La moindre accélération, le moindre faux mouvement me rappelle à l'ordre. Appuyée sur mes deux bâtons, j'ai l'impression d'être une petite vieille. Tiens, ça me fait penser à une certaine émission de Radio Camino, pas si bobard que ça!!

Sur une bute entre Santo Domingo et Granon, je vois le village de ma destination, et en me retournant je vois la ville que je viens de quitter. J'éclate de rire! Une si petite étape. Mais je suis très reconnaissante de pouvoir la faire, c'est toujours mieux ça que de rentrer je ne sais pas où. Je m'arrête au gîte paroissial, attenant à l'église de Granon. Matelas par terre, ce que je préfère aux lits à deux étages, car suivant la personne qui complète la paire, ce peut être assez mouvementé durant la nuit! Sympathique accueil par 2 jeunes filles italiennes. Temps de prière proposé entre la préparation du repas en commun et le repas. Je suis bien ici.




le gîte attenant à l'église

la salle de séjour

pas terrible de passer devant!

Demain je verrai si je vais jusqu'à Belorado, où si je fais encore une étape au milieu. Je suis vraiment heureuse et reconnaissante de pouvoir continuer et avancer!

15/09/2011

De la nuit au jour

Les dortoirs commencent à prendre vie dès 5h30. En fait, la vie n'a guère cessé pendant la nuit, entre les personnes qui vont aux toilettes, celles qui se retournent sans cesse dans leur couchette qui grince, sans oublier les nombreux ronfleurs! La lumière non plus ne s'éteint jamais vraiment car il y a toujours la petite lampe verte de sortie de secours qui éclaire plus ou moins. J'ai la chance d'avoir des boules quiès efficaces ainsi qu'un "loup" comme masque sur les yeux, ce qui fait que je dors généralement pas trop mal. Une fois, vu l'exiguïté du dortoir de 5 personnes et la chaleur étouffante dedans, Sophie, Delphine et moi avons transbahuté nos matelas sur la terrasse. Nuit magnifique sous les étoiles, la lune pleine et l'air frais!



Dès 6h, voire avant,des pèlerins s'en vont déjà, sac sur le dos, lampe frontale allumée. La masse de départ se fait entre 6h30 et 7h30, puis ça continue jusqu'à 8h. En général dès 8h on doit laisser la place à la danse des balais, qui ont de quoi faire après notre passage. Ce qui donne, sur le chemin, une file de pèlerins qui s'effiloche petit à petit (j'ai perdu les rares photos de file de pèlerins!). L'après-midi, nous ne sommes plus très nombreux sous le soleil, la plupart des pèlerins arrivent entre 12h et 14h au gîte.



le coucher de lune...


... et le lever du soleil

des quairns sur le bord du chemin

J'ai la chance de parler plusieurs langues, ce qui facilite la communication, tant avec les pèlerins qu'avec les autochtones. Mais ce qui me fait faire aussi des sacrés mélanges! Il m'arrive de commencer une phrase en allemand et la finir en anglais. Quant à l'espagnol, malheureusement je ne le sais pas mais j'essaie de me débrouiller avec mon portugais et mon italien. Je commence à m'adapter à l'accentuation espagnole d'ici, fort différente de celle des Mexicains que j'avais eu côtoyé en Suisse. Je comprends pas mal l'écrit, je commence à comprendre leur oral, et j'essaie de me faire comprendre en mélangeant portugais et italien, sans oublier l'utilisation de la langue universelle des gestes!

C'est le temps de cueillir et marauder des figues et du raisin, après les framboises et les mûres. On voit aussi amendiers et oliviers.

amendes
nous sommes dans le Rioja!

et sans oublier le temps des courges!


J'ai oublié (sur le blog seulement!) de passer par le col de la Sierra del Perdon, en voici un aperçu. Il s'agit d'une sculpture métallique en haut du col, montrant un groupe de pèlerins en route, avec un groupe d'éoliennes au fond. Etrange et sympa!